La réalisatrice
Martine Delumeau porte depuis déjà longtemps un regard sur le “corps noir” et la manière dont il a été utilisé pour véhiculer des concepts souvent délétères. Mais il est aussi le support d’un autre regard, celui de la “fierté” qui va naître dans les années 20, se développer au fil des années 50 en France et aux Etats-Unis avant d’exploser au moment de la fin de la ségrégation. Ce thème, Martine Delumeau l’a déjà exploré avec “Sweet Sweetback : naissance d’un héros noir”, co-réalisé avec Catherine Bernstein. Avec ce nouveau film, qui nous plonge au coeur des années folles parisiennes, on découvre que les racines de la “fierté noire” sont bien plus profondes en France et liées aux antilles.
Le film
À partir de ses recherches et de documents, la réalisatrice reconstitue la vie à Paris de trois personnages : Jeanne, une jeune bonne, Arsène un musicien, et Gaston, étudiant, tous d’orignie antillaise. Arrivés pleins d’espoirs et de projets, ils affrontent, le jour, la réalité d’une société divisée et colonialiste, avant de se retrouver, la nuit, dans un petit bal qui va devenir un lieu culte, celui de la rue Blomet.
Mêlant archives et reconstitution du fameux bal, le documentaire plonge le spectateur dans les délices de la musique qui fait alors fureur, la biguine. Arrangés par Thierry Fanfant, dont le grand-père a été l’une des grandes figures de cette épopée sociale et musicale, les danseurs évoluent au son des morceaux à la mode, oubliant, le temps d’une “parenthèse enchantée”, la réalité de leur condition.